Présence
du corps
L'analysant, sur
le divan, part des mots.
Et pourtant, les psychanalystes reconnaissent l'importance,
dans le travail de psychanalyse, du corps.
" Même
si le langage est central,
pour le savoir psychanalytique
et essentiel à sa pratique,
les mots seuls ne sont pas les éléments fondamentaux
du déroulement de son processus."
(Joyce Mac Dougall, Théatres du Je,
Folio essais).
C'est évident en psychanalyse.
Ceux qui ont fait l'expérience du divan savent combien,
à certains moments, c'est le corps qui souffre,
comme prenant le relais des mots qui ne peuvent pas venir...
En ce qui concerne les thérapies à médiation corporelle,
il est souvent délicat,
partant du corps (le corps qui est notre premier outil)
de pressentir, de laisser se faire
le lien entre l'expression émotionnelle et l'expression
verbale.
La personne qui dit
son émotion l'a souvent
ressentie,
dans un premier temps,
dans son corps. Elle nous la montre,
Si nous sommes attentifs, dès le pas de la porte:
nous voyons sa fatigue, sa joie, sa colère...
Installée, détendue, en réceptivité à son souffle, à ce qui se
modifie de son état,
elle pourra peut-être mettre des mots
sur cet état.
(souvent, nous proposons un temps
d'écoute de la respiration qui,
en ce début de séance, s'apaise,
un temps d'écoute du silence
silence extérieur,
mais silence, aussi, des pensées... ).
Quelle que soit notre attitude
(selon ce que nous sentons), nous la laissons parler,
ou poursuivre l'écoute du silence,
nous l'interrogeons, nous proposons une expérience, corporelle ou
sensorielle),
nous serons à l'écoute à la fois du langage de son corps (nos yeux
écoutent)
et des mots qu'elle prononce. Nous entendrons également ce qui
résonne
dans notre propre corps, face à l' émotion de l'autre.
De cet autre qui, peut-être (nous nous poserons la question) nous
parle de nous .
Deux personnes en face à face, l'affect qui retentit dans les deux
corps,
les mots dans la bouche de l'un,
les mots dans la tête de l'autre, en miroir ou en
réaction...
En
réceptivité toujours...
Nous suivons donc le patient en fonction de cet échange...
Nous avons à être réceptif à lui et à nous.
Nous avons à mettre à distance nos émotions propres, mais sans les
dénier :
parce que, après la séance, puis chez notre superviseur, nous les
retrouverons,
elles nous parleront de nous. De ce qui, en nous, aura été provoqué
par le patient.
Nous aurons donc à décoder, dans un premier temps,
ce qui est dit de notre propre histoire,
pour pouvoir, ensuite, notre émotion reconnue et gérée, entendre
plus justement
ce que la personne que nous accompagnons nous aura dit d'elle, et
de son histoire.
Le
corps, les mots, les émotions : un va et vient, chaque
manifestation
nourrissant la recherche vers un "mieux se connaître"
,
retrouver
parfois l'origine de nos difficultés,
pour
"vivre mieux". Mais aussi pour mieux entendre
l'autre.